Ventre régulièrement ballonné ? Douleurs ou crampes abdominales inexpliquées ? Difficultés à digérer et à se rendre à la selle ? Ou au contraire envies impérieuses d’aller aux toilettes ?
Et si vous souffriez du syndrome du côlon irritable, aussi connu sous le nom de colopathie fonctionnelle ou côlon spasmodique ?
Le syndrome du côlon irritable touche entre 5 et 10% de la population générale, avec une une prédominance féminine (2 à 3 femmes pour 1 homme) en Europe et aux Etats-Unis.
Le Canada présente l’un des taux les plus élevés de syndrome du côlon irritable dans le monde, avec plus de cinq millions de Canadiens atteints et environ 120 000 personnes de développant ce trouble digestif chaque année.
Les patients sont souvent jeunes au moment du diagnostic (le plus souvent avant 45 ans) mais la maladie peut exister à tout âge. Certaines formes peuvent même débuter dans l’enfance ou l’adolescence.
Étant une cause fréquente de l’absentéisme au travail et à l’école, le syndrome du côlon irritable peut nuire de façon considérable à la productivité et à la qualité de vie d’une personne (isolement, relation avec les autres, sommeil, alimentation, sexualité…). En moyenne, les Canadiens souffrant de colopathie fonctionnelle sont absents du travail 13 jours par an ! (1)
Syndrome du côlon irritable, de quoi s’agit-il exactement ?
Le syndrome du côlon irritable est classé par la médecine dans les troubles digestifs. Il se définit comme “un trouble gastrointestinal chronique courant qui engendre des problèmes de motilité (la façon dont les intestins déplacent leur contenu) et de sensibilité (la façon dont le cerveau interprète les sensations de douleur dans les intestins).”
Son diagnostic n’est affirmé pas aucun examen : prise de sang, coloscopie, radio … tous se révèlent négatifs, ce qui amène parfois le médecin à conclure que la personne ne présente aucune maladie, lui suggérant maladroitement que “c’est dans sa tête”. (2)
Quels sont ses symptômes ?
Les personnes qui souffrent de colopathie fonctionnelle peuvent présenter les signes suivants (3) :
- des crampes douloureuses au ventre, souvent soulagées par l’évacuation des selles ou des gaz
- des sensations de ventre ballonné
- des bruits intestinaux intempestifs
- de la constipation ou de la diarrhée ou l’alternance des 2
Ces signes sont liés à une perturbation de la vitesse de transit des aliments dans le gros intestin :
- lorsque le passage est trop rapide, l’absorption par le côlon de l’eau contenue dans le bol alimentaire est insuffisante : les selles sont alors liquides
- au contraire, si le passage est trop lent, la quasi-totalité de l’eau est absorbée : les selles se retrouvent dures, sèches et difficiles à évacuer, causant la constipation.
D’après la classification de Rome IV, ces troubles doivent être ressentis au moins 1 jour par semaine lors des 3 derniers mois.
Quelle est son origine ?
Méconnus jusqu’à une période très récente, la recherche nous a apporté récemment des éléments de réponse concernant les mécanismes responsables de la colopathie fonctionnelle. S’ils sont multiples, aucun n’est présent chez tous les malades mais plusieurs peuvent coexister chez une même personne.
Certains facteurs sont intrinsèques au tube digestif. Ils sont interreliés. Par exemple, une inflammation de l’intestin provoquera une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale et réciproquement, ce qui favorise l’apparition des troubles. Cette inflammation aura pour effet une perturbation de la flore intestinale accompagnée d’un trouble de la motricité digestive, auto-entretenant le phénomène.
Le tube digestif possède une grande quantité de neurones dans sa paroi et certains scientifiques n’hésitent pas à employer le terme de “deuxième cerveau” pour faire référence à l’intestin grêle et au côlon. Une hypersensibilité neuronale aura donc des répercussions importantes sur l’intégrité du système digestif.
Le stress, l’anxiété ou la dépression peuvent jouer le rôle de déclencheur ou de catalyseur du syndrome.
Comme souvent, il existe également des prédispositions génétiques.
Enfin, l’alimentation joue un rôle primordial dans la survenue des colopathies fonctionnelles. Deux tiers des personnes atteintes considèrent que les repas peuvent déclencher ou aggraver leurs symptômes. Dans une étude française réalisée en 2001, 57% des patients avaient arrêté de consommer des aliments qu’ils aimaient, 46% ne pouvaient pas manger autant qu’ils le voulaient, et un tiers des patients avaient modifié leur alimentation ! Ces régimes peuvent aussi impacter la qualité de vie en limitant les aliments disponibles et en isolant les patients et rendant plus difficiles les sorties au restaurant ou chez des amis.
Syndrome du côlon irritable, comment ça se soigne ?
À ce jour, il n’existe pas de traitement de référence incontestable. De plus, aucun traitement ne guérit la maladie. Le but des traitements est de diminuer la fréquence et/ou l’intensité des symptômes, leur disparition étant rare. Certains ciblent les symptômes, d’autres les mécanismes de la colopathie fonctionnelle. (4)
La plupart des personnes qui souffrent de côlon spasmodique n’ont pas besoin de médicaments mais le médecin peut éventuellement prescrire un traitement médicamenteux afin d’atténuer les symptômes. Cependant, seulement 16% d’entre eux se montrent satisfaits de cette prise en charge. (5)
33% des personnes atteintes se tournent vers des approches non conventionnels et les médecines alternatives en plus de leur traitement médical. 27% d’entre eux choisissent l’Ostéopathie. Pour quels résultats ?
Ostéopathie et syndrome du côlon irritable, quand la science s’en mêle
Plusieurs études se sont penchées sur l’efficacité de l’ostéopathie dans sa prise en charge du syndrome du côlon irritable. Et leurs conclusions sont unanimes ! Jugez par vous-même (6) :
“L’ostéopathie viscérale était associée à des améliorations statistiquement significatives de la diarrhée autodéclarée, de la distension abdominale (ballonnement) et des douleurs abdominales…”
“L’ostéopathie améliore la sévérité des symptômes du SCI (syndrome du côlon irritable) et son impact sur la qualité de vie. L’ostéopathie doit donc être considérée pour de futures recherches en tant que médecine alternative complémentaire efficace dans la prise en charge des symptômes du SCI.”
“La thérapie ostéopathique est une alternative prometteuse dans le traitement des patients atteints de SCI.”
“Une série de traitements ostéopathiques sur mesure portant sur les dysfonctionnements réels des patients peut induire un soulagement à court terme presque complet des symptômes typiques.”
“Cet essai clinique montre que l’effet antalgique thérapeutique global (effet anti douleur), l’amélioration de l’ensemble des troubles fonctionnels et la bonne tolérance au traitement font du traitement ostéopathique un traitement recommandé pour le syndrome du côlon irritable.”
Et lorsqu’une association de gastro-entérologie se pose la question d’envoyer ou non leurs patients souffrant de colopathie fonctionnelle chez l’ostéopathe, leur réponse va dans le même sens (7) : “l’ostéopathie, à raison de 2 séances à 15 jours d’intervalle, est efficace pour diminuer la sévérité des symptômes, la fatigue et la dépression.”
Mais que fait l’ostéopathe exactement ?
L’ostéopathie a pour but de redonner de la mobilité aux structures qui en ont perdu. Quand on parle de structures, on a tendance à penser au squelette osseux et aux différentes articulations du corps humain. Mais l’ostéopathe s’adresse également aux viscères et leurs attaches. Ces attaches se font entre les différents organes d’une part et entre ces derniers et le squelette d’autre part, par le biais de fasciae dans lesquels cheminent de nombreux nerfs et vaisseaux sanguins. Une partie de ces nerfs, qui participent au système nerveux autonome, provient de la moelle épinière située au niveau de la colonne dorsale.
En plus de leur motilité intrinsèque (péristaltisme), les intestins sont mus aussi grâce aux mouvements du diaphragme qui possède de multiples insertions : côtes, sternum et rachis lombaire.
Une perte de mobilité de l’un ou plusieurs de ces éléments pourra donc perturber le bon fonctionnement du système digestif et majorer l’intensité des symptômes du syndrome du côlon irritable.
Que penser des autres thérapies alternatives ?
Les autres approches thérapeutiques ne sont pas à écarter. Bien au contraire, elles sont complémentaires. Les causes du syndrome du côlon irritable sont tellement vastes qu’il faut pouvoir aborder cette problématique sous différents angles (alimentation, habitudes de vie, niveau de stress, vie intérieure…). Méditation, sophrologie, hypnose … mais aussi activité physique et diététique sont autant d’axes thérapeutiques à explorer afin d’améliorer sa qualité de vie. (8)
(1) https://cdhf.ca/fr/digestive-disorders/syndrome-du-colon-irritable-sci/quest-ce-que-le-syndrome-du-colon-irritable-sci/
(2) https://le-quotidien-du-patient.fr/article/2018/02/20/le-sii-est-une-maladie-chronique-et-taboue-qui-empoisonne-la-vie-de-tous-ceux-qui-en-sont-atteints-parlons-en/
(3)http://www.mongeneraliste.be/
(4) https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/maladies-chroniques/2018/04/23/syndrome-intestin-irritable-medecines-alternatives/
(5) Louis Létard & al. – Apport de l’ostéopathie dans la prise en charge des troubles fonctionnels intestinaux (TFI) de l’adulte – Hegel Vol. 6 N° 4 – 2016
(6) A. Muller & al. – Effectiveness of osteopathic manipulative therapy for managing symptoms of irritable bowel syndrome : a systematic review – J Am Osteopath Assoc 2014 Jun;114(6):470-9
(7) Association française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie
(8) https://www.mamanpourlavie.com/sante/alternatives-naturelles/osteopathie/13029-syndrome-du-colon-irritable-et-osteopathie.thtml?page=2
Note : Consultez toujours un professionnel et suivez les recommandations de votre médecin, ou professionnels de la santé qui vous accompagnent. Le soin d’ostéopathie ne remplace pas le suivi médical dont vous pouvez bénéficier.