S’habiller, prendre sa boîte de céréales dans le placard situé en hauteur, utiliser sa souris d’ordinateur, réaliser un mouvement sportif… autant de gestes du quotidien qui mettent constamment en jeu nos épaules. Au fil des années, à force de mouvements répétés, cette articulation vieillit et peut s’abîmer, entraînant alors d’importantes douleurs.
Les épaules douloureuses non traumatiques représentent la 3ème motif de consultation pour un trouble ostéo-articulaire en médecine générale, juste après les lombalgies et les cervicalgies. Non traumatique signifie que l’intégrité des éléments péri et intra-articulaires est conservée, ce qui exclut les fractures, les luxations ou les ruptures des tendons par exemple.
Le terme de “périarthrite scapulo-humérale” (PASH) regroupant l’ensemble de cette pathologie commune n’est désormais plus d’actualité.
Seules 50% des pathologies de l’épaule nouvellement diagnostiquées sont résolues à six mois. Cette tendance à la chronicité entraîne des conséquences à long terme : absentéisme et coûts médicaux élevés. (1)
L’épaule, c’est complexe !
Véritable complexe pluri-articulaire, l’épaule est composée de 5 articulations dont l’intégrité est indispensable aux bonnes amplitudes de mouvement.
Cette articulation, la plus mobile du corps, est dite “suspendue”, c’est-à-dire solidement attachée à la colonne vertébrale par tout un ensemble musculo-ligamentaire. Ce dernier est soumis à de fortes contraintes mécaniques et donc sujets aux lésions. Ces lésions sont dans leur grande majorité dégénératives ou micro-traumatiques.
Dans 80% des cas ab-articulaires, les pathologies liées aux douleurs d’épaule touchent les tissus environnants l’articulation. Pour la plupart, la radiographie standard et l’échographie permettent de poser le diagnostic. Voici résumées ci-après les principales. (2)
Conflit sous-acromial
Il est en rapport avec le vieillissement et l’usure des tendons de la coiffe des rotateurs.
La coiffe des rotateurs est un groupe de muscles qui entourent l’épaule :
- le muscle supra-épineux ou sus-épineux
- le muscle infra-épineux ou sous-épineux
- le muscle sous-scapulaire ou sub-scapulaire
- le muscle petit rond.
En plus de participer à l’élaboration de ses différents mouvements, ils possèdent un rôle essentiel dans sa stabilisation.
Avec l’âge, le tendon du muscle supra-épineux (le plus souvent atteint) perd ses qualités élastiques, s’épaissit, et vient entrer en conflit avec l’acromion. Ce frottement répété peut contribuer à la formation d’un bec osseux appelé ostéophyte situé sous l’articulation acromio claviculaire. En retour, ce bec osseux vient agresser la partie superficielle du tendon sous-jacent, et provoque l’accélération de son usure et des douleurs de passage.
C’est le diagnostic le plus fréquent des douleurs d’épaule.
Tendinopathie simple
Dans 60% des cas, il s’agit d’atteintes dégénératives des tendons des muscles de la coiffe des rotateurs. Elles apparaissent généralement après l’âge de 40 ans et sont dues au vieillissement physiologique des tendons.
Les tendinopathies d’origine mécanique “micro-traumatique” sont souvent induites par une pratique sportive ou professionnelle, donc possible chez un sujet jeune.
Dans le cas des activités professionnelles, l’épaule est une des régions anatomiques la plus touchée par un processus douloureux. La réalisation de mouvements répétitifs associée à une mauvaise posture prolongée au bureau possèdent une action délétère avérée sur l’ensemble du système musculo squelettique, tout particulièrement sur le complexe de l’épaule.
Elle pourra évoluer jusqu’à la rupture, partielle ou transfixiante, responsable d’une épaule impotente “pseudo-paralytique”.
Parfois, la tendinopathie se complique d’une calcification hyperalgique. Dans 80% des cas, elle siège dans le muscle supra-épineux.
Ces tendinopathies calcifiantes sont plus fréquentes chez les femmes aux alentours de la cinquantaine.
Remarque : le terme tendinite a été peu à peu remplacé dans le milieu médical par le terme tendinopathie, qui désigne plus généralement une affection des tendons. En effet, dans bien des cas (surtout les cas de tendinites chroniques), ce que l’on désigne par tendinite n’est pas à proprement parler une inflammation, mais plutôt une dégradation ou une dégénérescence progressive du tendon. (3)
Instabilité
L’instabilité est une perturbation fonctionnelle pouvant entraîner des subluxations ou luxations. Elle touche principalement les femmes jeunes avec une faible musculature, les patients avec d’importantes ruptures de la coiffe et les athlètes de moins de 40 ans, spécialement les nageurs et les lanceurs de poids.
Les symptômes sont souvent vagues et aspécifiques, rendant le diagnostic difficile. On retrouve régulièrement une appréhension à l’armé du bras. Typiquement, les personnes atteintes ont une mobilité accrue de l’articulation de l’épaule et souvent des signes d’hyperlaxité généralisée. (4)
Capsulite rétractile
Également appelée épaule gelée, il s’agit d’une rétraction de la capsule articulaire de l’articulation gléno-humérale avec limitation progressive des amplitudes de mouvements actifs et passifs. Elle est le plus souvent idiopathique, sans cause médicale évidente, ou secondaire à un diabète, un accident vasculaire cérébral, une chirurgie thoracique…
Il ne faut pas oublier qu’une douleur d’épaule peut être aussi une douleur irradiée, provenant d’une atteinte de la colonne cervicale.
Plus rarement, elles sont la manifestation d’une pathologie infectieuse ou tumorale.
L’ostéopathie, un allié dans la prise en charge de votre épaule douloureuse ?
“J’ai mal à l’épaule” : l’ostéopathie est-elle efficace ?
La prise en charge des pathologies de l’épaule est souvent multidisciplinaire, et amène à différents types de traitements, qui sont souvent complémentaires. Mais alors, quelle est la place de l’ostéopathie dans cette prise en charge ?
Une revue de littérature publié en 2015 (2) tente de répondre à cette question. Il en ressort que les “traitements apportés par la thérapie manuelle (NDA : ostéopathie) contribuent à réduire les symptômes à type de douleur et améliorer la fonction à court et à long terme de patients souffrant de l’épaule.”
L’auteure ajoute que “aucune des études n’a rapporté d’effets indésirables.”
Cependant, “les exercices paraissent un élément essentiel du traitement, et adjuvant des manipulations.”
D’autres études réalisées par des étudiants en ostéopathie dans le cadre de leur mémoire de fin de cursus vont dans ce sens, autant sur les résultats positifs des séances d’ostéopathie que sur la nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire. (5) (6)
Ceci est bien résumé par l’émission médicale AlloDocteurs dans son dossier sur la tendinite d’épaule : “l’ostéopathie sera proposée soit en complément, soit en préambule à un autre geste thérapeutique. Si les médicaments (anti-inflammatoires, antalgiques…) permettent d’atténuer les douleurs de l’épaule, des séances d’ostéopathie peuvent aussi soulager les patients. L’ostéopathie peut éviter (certaines) infiltration(s) si ensuite il y a une bonne rééducation. C’est tout l’intérêt d’avoir (de) la complémentarité (entre les différents intervenants).” (7)
“Mais concrètement, que fait un ostéopathe en cas de douleur à l’épaule ?”
Comme décrit précédemment, les causes des douleurs d’épaule (scapulalgies ou omalgies) sont multiples et parfois méconnues.
L’ostéopathie a une approche globale du corps, ce qui signifie que même quand la personne se présente avec une douleur localisée, le praticien va “scanner” l’ensemble de ses tissus, de la tête aux pieds.
L’épaule, par ses attaches périphériques, possède des connexions avec des éléments anatomiques parfois très éloignés. A titre d’exemple, le muscle grand dorsal qui s’insère sur l’humérus et provoque notamment l’extension du bras, possède son origine au niveau du bassin. Un déséquilibre de ce dernier pourrait être responsable à distance d’un stress mécanique répété sur l’articulation de l’épaule. C’est ce que va rechercher par son expertise l’ostéopathe : bassin, colonne vertébrale, cage thoracique et même les organes digestifs sont autant de pistes à suivre quand une douleur d’épaule se présente.
(1)Tessa Kermode – Epaule douloureuse : prise en charge ambulatoire – Rev Med Suisse 2013; volume 9. 2205-2211
(2)Aline Mouchette – Évaluation de la prise en charge d’un adulte souffrant d’une épaule douloureuse non traumatique en médecine générale conventionnelle versus médecine manuelle-ostéopathie. Revue de la littérature – Université de Lorraine – 2015
(3)https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=tendinite_pm#
(4)Élise Wagner & al. – Épaule douloureuse atraumatique : diagnostic radiologique – Rev Med Suisse 2013; volume 9. 1726-1731
(5)Antoine Isidore-Maslo – Etude de l’impact de l’ostéopathie structurelle sur la douleur de l’épaule en complément de la prise en charge standard pour des patients ayant subi une chirurgie réparatrice de la coiffe des rotateurs – IFSO Rennes- 2013
(6)Samar Fayad – L’intérêt de l’ostéopathie dans la prise en charge du conflit antérieur de l’épaule chez les institutrices – IDO Paris – 2016
(7)https://www.allodocteurs.fr/
Note : Consultez toujours un professionnel et suivez les recommandations de votre médecin, ou professionnels de la santé qui vous accompagnent. Le soin d’ostéopathie ne remplace pas le suivi médical dont vous pouvez bénéficier.