Près d’une personne sur 2 âgée de plus de 15 ans déclare être sujette à des maux de tête. Ceux-ci sont le plus souvent ponctuels et de courte durée (2 heures ou moins). Ils s’accompagnent d’une douleur gênante dans 60% des cas, incapacitante pour 16% des personnes interrogées. 6% d’entre eux évoquent des maux de tête quotidiens (1).
Les personnes qui souffrent de migraines ou de céphalée parlent en général de “mal de tête”. Il convient néanmoins de bien comprendre qu’il existe plusieurs types de “mal de tête” et donc plusieurs types de prise en charge spécifique.
Les céphalées primaires sont des maux de tête sans aucun lien avec une autre pathologie, une anomalie ou un traumatisme identifiable. L’examen clinique est donc normal. Ce sont de loin les plus fréquentes.
Elles regroupent :
- Les céphalées de tension
- Les migraines
Céphalées de tension
6% de la population souffrent de céphalées de tension de manière régulière et épisodique, 3% de manière chronique.
Ce sont des maux de tête touchant les 2 côtés du crâne, de manière bilatérale, « en casque ». La personne atteinte décrit une sensation de serrement ou d’étau, d’intensité légère à modérée, non aggravée par l’effort.
Souvent associées à un état de stress excessif, il serait cependant réducteur de les cantonner à un seul désordre psychique. En effet, d’autres facteurs peuvent les déclencher telles que des tensions musculaires ou des dysfonctions articulaires au niveau du cou. On parlera alors de céphalées cervicogéniques.
Migraines
Souffrir de migraine est un véritable enfer pour les personnes atteintes.
Les migraines touchent près de 20% de la population adulte, avec une nette prépondérance féminine (3 femmes pour 1 homme), et de 5 à 10% des enfants (2). Plus de 80% des sujets migraineux présentent leur première crise avant l’âge de 30 ans. La fréquence des crises est très variable. Elle diminue avec l’âge et, souvent, durant la grossesse (3).
Elles se définissent comme un ensemble de symptômes dont le principal est le mal de tête. La douleur survient par crise et s’installe de manière progressive.
Les facteurs déclenchants se caractérisent par un changement d’état (variation émotionnelle, variation de l’activité physique, variation du volume de sommeil, chute en estrogènes expliquant la crise survenant au moment des menstruations…) (4).
Elles sont dites « pulsatiles » : la personne parle d’un battement de cœur dans son crâne, de coups de marteau ou parfois d’écrasement. L’effort minime (monter des escaliers) augmente leur intensité, qui peut s’élever de modérée à sévère. Contrairement aux céphalées de tension, elles sont souvent situées uniquement d’un côté du crâne : ce sont des hémicrânies.
Elles sont associées à des nausées ou vomissements, de la photophobie (sensibilité exacerbée à la lumière) ou de la phonophobie (sensibilité exacerbée au bruits).
Elles sont parfois précédées par d’autres signes comme des troubles visuels (migraines ophtalmiques), auditifs, moteurs ou du langage. On les appelle alors migraines avec aura.
Elles peuvent durer entre 4 heures et 3 jours si aucun traitement n’est administré (5).
Migraines ou céphalées de tension ? Comment les distinguer ?
Les migraines et les céphalées de tension se distinguent donc par plusieurs critères résumés dans le tableau suivant (d’après la classification de l’IHS).

Hémicrânie : céphalée ou migraine affectant un seul côté de la tête à la fois (moitié gauche, ou droite du crâne)
Pulsatilité : animé de pulsations rythmées par les contractions cardiaques
Intensité : définie de légère à sévère
Douleur aggravée à l’effort : la pratique d’une activité physique, même modérée aggrave-t-elle la douleur ou la gêne ?
Nausées/ vomissements : sensation nauséeuse pouvant conduire à de réels vomissements
Photophobie : sensibilité accrue, ou intolérance totale à la lumière
Phonophobie : sensibilité accrue aux sons environnants
Durée de la crise : définie sans prise de médicaments
Beaucoup plus rarement, les maux de tête peuvent être dus à d’autres problèmes de santé et elles seront classées comme des céphalées secondaires :
- une algie vasculaire de la face
- une prise importante d’alcool
- une maladie infectieuse : sinusite, grippe, mononucléose infectieuse…
- une hypertension artérielle mal contrôlée
- un glaucome
- une maladie de Horton chez une personne âgée (maladie chronique due à l’inflammation des artères temporales)
- les suites d’un traumatisme crânien
- …
… et parfois être révélateurs d’une urgence médicale comme par exemple dans les cas d’accidents vasculaires cérébraux, de méningites ou encore d’hémorragies méningées. Ce sont des céphalées récentes et inhabituelles d’apparition brutale, qui nécessitent un bilan urgent auprès d’un médecin.
Que faire quand on souffre de maux de tête de manière chronique ?
Dans les cas des céphalées de tension, certaines instances de santé recommandent que le traitement intègre des approches non-médicamenteuses et d’éviter l’abus médicamenteux. (3)
L’ostéopathie peut-elle représenter une de ses approches ?
De nombreuses revues spécialisées le suggèrent, notamment lorsque les céphalées prennent leur origine au niveau des vertèbres cervicales (6). Dans ce cas, le praticien retrouve très souvent des tensions au niveau des premières articulations cervicales et des muscles environnants. Ces tensions peuvent irriter les nerfs émergeants et provoquer des douleurs projetées à la base du crâne jusqu’au-dessus des yeux. Le fait de redonner de la mobilité à ces différentes structures par des techniques manuelles permet de soulager sur la durée les maux de tête.
Une thèse de médecine conclut même que « parmi les différentes prises en charges, il en ressort que les manipulations ostéopathiques semblent être la meilleure option thérapeutique dans le traitement des céphalées (cervicogéniques) ! » (7).
En ce qui concerne les migraines, plusieurs études ont montré le rôle bénéfique de l’ostéopathie dans leur prise en charge. Parmi celles-ci, une étude italienne a testé l’efficacité d’une consultation ostéopathique en recrutant 105 personnes atteintes de crises migraineuses à répétition et en les séparant en 3 groupes :
- Le premier prise en charge en ostéopathie et par médicaments
- Le deuxième par des techniques ostéopathiques placebo et par médicaments
- Le troisième uniquement traité par médicaments
Après 6 mois, il en ressort des résultats probants en faveur de l’ostéopathie. Le nombre de crises a significativement diminué dans le groupe consulté en ostéopathie par rapport aux autres groupes. Leur consommation de médicaments a nettement diminué, tout comme l’intensité de la douleur ressentie et l’invalidité provoquée par les crises (8).
Comment cela fonctionne ? La physiopathologie des migraines reste encore énigmatique mais il semblerait que le système trigémino-vasculaire, à l’intérieur de la boîte crânienne, en serait le principal acteur, provoquant des contractures persistantes et des perturbations du flux des vaisseaux sanguins.
L’ostéopathie, par son action myorelaxante, permettrait d’améliorer le drainage veineux du crâne et ainsi rétablir l’homéostasie des différents systèmes du corps humain.
Et la prévention dans tout cela ?
Comme dit l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir », et de petits changements dans vos habitudes de vie peuvent avoir de gros impacts sur votre bien-être au quotidien :
- Vérifiez l’ergonomie de votre poste de travail : une mauvaise posture prolongée devant votre écran aura des répercussions sur les muscles de votre cou et sera alors la cause de troubles musculo squelettiques liés au travail
- Prenez rendez-vous chez l’optométriste, notamment si vous souffrez de maux de tête en fin de journée
- En cas de douleurs matinales, parlez-en à votre dentiste : les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) ou de la mâchoire, comme le bruxisme, peuvent être la source de vos douleurs
- Faîtes des pauses régulières et profitez-en pour étirer les muscles des épaules et du cou et relâcher la tension de vos yeux
- Hydratez-vous ! Une bouteille d’eau devrait toujours être présente à vos côtés
- Pratiquez une activité physique dont la résultante sera autant positive pour votre corps que votre esprit. Yoga, Pilates, course à pied, danse, escalade… la liste est longue et non exhaustive
- Consultez un ostéopathe de manière préventive et n’attendez pas d’en avoir « plein le dos » avant de prendre soin de vous
(1) https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/mal-tete/definition-causes
(2) http://www.rfi.fr/emission/20180410-migraines
(3) Docteure P Della Santa – Hôpitaux Universitaire de Genève – Céphalées aiguës – 2017
(4) Fédération Française de Neurologie
(5) https://www.migraine.fr/les-differents-maux-de-tete/cephalees-primaires/
(6) Santé Magazine – L’ostéopathie peut soulager le mal de tête
(7) Paul Mathieu – Les céphalées d’origine cervicale : évaluation des différentes prises en charge en médecine libérale (médecine générale, médecine manuelle et ostéopathique, neurologie) – Thèse pour obtenir le grade de docteur en médecine – Faculté de médecine de Nancy – 2017
(8) Francesco Cerritelli & al. – Clinical effectiveness of osteopathic treatment in chronic migraine: 3-Armed randomized controlled trial – Complementary therapies in medicine
Note : Consultez toujours un professionnel et suivez les recommandations de votre médecin, ou professionnels de la santé qui vous accompagnent. Le traitement ostéopathique ne remplace pas le suivi médical dont vous pouvez bénéficier.