Fourmillements, picotements ou engourdissements de la main, pertes de force dans certains gestes anodins… ces sensations présentes initialement au travail deviennent de plus en plus fréquentes, douloureuses et commencent même à vous réveiller la nuit ? Et s’il s’agissait d’un syndrome du canal carpien ?
D’après une étude française récente, le syndrome du canal carpien ou syndrome du tunnel carpien ressort dans les premiers rangs des troubles musculo-squelettiques. Chaque année en France, ce sont environ 600 000 personnes affectées dont un peu plus de 130 000 sont opérées. (1)
Il concerne en priorité les femmes qui sont quatre fois plus touchées que les hommes. En majorité, les personnes atteintes sont âgées d’une cinquantaine d’années.
Alors, comment calmer les douleurs du canal carpien ?
Tunnel carpien : un peu d’anatomie
Le tunnel carpien désigne un espace restreint situé à la partie antérieure du poignet. Il est délimité par les os du carpe et un ligament rigide recouvrant les tendons souples des doigts, du pouce et le nerf médian. Ce nerf, qui provient du cou, descend le long du bras, puis de l’avant-bras, traverse le canal carpien pour se terminer à la paume de la main. Il commande les mouvements du pouce, de l’index, du majeur et de l’annulaire et procure la sensibilité majoritairement à la paume de la main.
Quels sont les premiers symptômes du canal carpien ?
Si pour une raison quelconque l’espace est réduit dans le canal, le nerf médian se trouve comprimé. Cette compression est génératrice du syndrome du canal carpien.
Il se caractérise par des symptômes tels que des picotements dans le pouce, l’index, le majeur et l’annulaire et des douleurs nocturnes. La douleur réveille le patient, mais souvent, le fait de secouer la main, de la laisser pendre ou de la masser apporte un soulagement. La douleur n’est pas nécessairement limitée à la main et peut s’étendre aussi au coude et à l’épaule.
Dans les cas plus avancés, le patient peut se plaindre d’engourdissements et d’une perte de dextérité. La main peut aussi perdre de la force, avoir de la difficulté à pincer ou à saisir des objets. Le malade peut échapper des objets ou être incapable de se servir d’une clef ou de compter de la monnaie avec sa main atteinte.
La peau de la main peut devenir sèche à cause de la réduction de la transpiration. (2)
Quelle en est la cause ?
L’origine du syndrome du canal carpien est souvent multifactorielle.
Facteurs de risques
Le risque est plus élevé chez les travailleurs exposés aux situations suivantes (3) :
– la répétition de mouvements du poignet et de l’avant-bras durant des périodes prolongées,
– les mouvements qui demandent une force importante dans la main,
– les postures contraignantes pour la main,
– la manipulation d’outils qui vibrent.
Les résultats des études établissant un lien entre syndrome du canal carpien et travail à l’ordinateur sont contradictoires. Cependant, l’usage fréquent de la souris (plus de 20 heures par semaine) augmenterait le risque. (4)
Parmi les autres causes possibles figurent les blessures au poignet, l’arthrite au poignet et les atteintes neurologiques consécutives à un diabète.
Les fluctuations hormonales durant la ménopause, la grossesse ou un état d’hypothyroïdie créent un environnement propice au syndrome du canal carpien. Durant la grossesse, par exemple, il n’est pas rare de retrouver un canal carpien bouché par la rétention des fluides.
Autres facteurs
Certains sports ou activités comme le tennis, le vélo de montagne, la moto ou la couture, générateurs de contraintes et de vibrations au niveau du poignet, peuvent en être aussi à l’origine.
Toutefois, dans la grande majorité des cas, le syndrome du tunnel carpien est idiopathique, sans aucune cause identifiée. (5)
Quelles prises en charge pour le syndrome du canal carpien ?
Traitement
Lorsque les symptômes sont légers ou s’ils sont temporaires, des anti-inflammatoires, du repos et parfois le port d’une attelle suffisent quelque temps pour soulager le tunnel carpien. Des infiltrations de corticoïdes apportent aussi un soulagement à court terme. Le but des infiltrations est de dégonfler la zone du canal carpien mais le plus souvent, l’effet obtenu n’est que temporaire et les symptômes réapparaissent après deux ou trois mois.
Mais si les signes sont plus gênants, qu’ils soient permanents ou présents depuis un an, l’opération s’impose pour faire baisser définitivement la pression dans le canal carpien et libérer le nerf médian via une section du ligament. (6)
Syndrome du canal carpien et ostéopathie
Faire le point avec son médecin de famille au préalable
Avant de débuter le traitement du canal carpien en ostéopathie, le thérapeute s’assurera que la nature du trouble relève bien de son champ de compétence. En cas de doute, il vous adressera à votre médecin référent pour passer des examens complémentaires.
Efficacité de l’ostéopathie
Notamment lorsque son origine est mécanique et que le syndrome n’est pas installé de manière permanente, les résultats d’une à trois séances d’ostéopathie sont probants pour soulager le canal carpien.
Dans une publication de 2015, tous les sujets de l’étude atteints du syndrome présentaient des zones de tension au niveau du poignet, mais aussi de la membrane interosseuse de l’avant-bras, de l’épaule et même du cou et du haut du dos (vertèbres thoraciques). (1)
Pour un ostéopathe, ceci n’est pas une surprise car il possède une vision globale du corps. Toute restriction de mobilité localisée à un endroit peut se répercuter avec le temps à plus ou moins de distance.
Protocole ostéo
Dans le cas du syndrome du canal carpien, il faut garder en tête que le nerf médian prend son origine au niveau de la colonne cervicale. Si celle-ci dysfonctionne, le nerf se retrouve en tension dès sa sortie de la moelle épinière. Saupoudrez le tout d’une position contraignante et maintenue du poignet en extension, qui ajoute de la tension sur le nerf, et vous obtenez une irritation de ce dernier responsable de votre inconfort.
Ceci est une des explications possibles à un syndrome du canal carpien idiopathique, provenant des cervicales. Voilà pourquoi votre ostéo ne se contentera pas de manipuler votre main pour « débloquer » un canal carpien !
(1) Audrey Gresser – la place de l’ostéopathe dans la prise en charge du syndrome du canal carpien – IDO – 2015
(2) https://www.cchst.ca/oshanswers/diseases/carpal.html
(3) https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=troubles_musculosquelettiques_main_poignet_pm
(4) J.H. Andersen & al. – Computer use and carpal tunnel syndrome : a 1-year fallow-up study – JAMA – 289(22):2963-9 – 2003
(5) HAS – analyse et amélioration des pratiques – syndrome du canal carpien : optimiser la pertinence du parcours patient – 2013
(6) https://www.allodocteurs.fr/maladies/os-et-articulations/syndrome-du-canal-carpien/soigner-le-syndrome-du-canal-carpien_736.html
Note : Consultez toujours un professionnel et suivez les recommandations de votre médecin, ou professionnels de la santé qui vous accompagnent. Le soin d’ostéopathie ne remplace pas le suivi médical dont vous pouvez bénéficier.