Rester assis devient un calvaire ? Descendre des escaliers un chemin de croix ? Vous souffrez peut-être d’un syndrome fémoro-patellaire.
Le syndrome fémoro-patellaire ou syndrome rotulien se traduit par une douleur au niveau de la patella (ou rotule dans l’ancienne nomenclature), en avant du genou. (1) Il s’agit d’une pathologie fréquente. Elle représente 20% des consultations médicales pour gonalgie (douleur au genou). Par ailleurs, les douleurs antérieures du genou sont, après les lombalgies, le motif de consultation le plus fréquent concernant l’appareil locomoteur.
Syndrome rotulien : les causes
Les pathologies du genou sont complexes et multifactorielles car elles font intervenir des structures multiples, articulaires et tendino-musculaires.
Le syndrome fémoro-rotulien est décrit comme une douleur antérieure du genou. Elle est provoquée par une friction anormale de la patella dans la gorge de la trochlée fémorale lors de la flexion du genou. (2)
Il résulte d’une combinaison de facteurs de risques nommés intrinsèques et extrinsèques. Les premiers sont par définition non modifiables, contrairement aux seconds.
Facteurs intrinsèques
Les facteurs intrinsèques dépendent notamment du sexe, des antécédents et de l’information génétique propre au sujet :
– alignement du membre inférieur
– laxité des ligaments
– antécédents traumatiques (traumatisme rotulien) et/ou chirurgicaux sur le genou
– anomalies de naissance
– patella alta
– troubles posturaux et mauvaise répartition du poids du corps : antéversion du bassin, augmentation de la lordose lombaire, pieds plats ou affaissés, genu valgum (genoux arqués en “X”)…
Facteurs extrinsèques
Quant aux risques extrinsèques, ils correspondent à des éléments environnementaux pouvant se modifier :
– surcharge pondérale
– type de pratique sportive
– matériel inadapté
– augmentation brutale de la durée ou de l’intensité d’un sport
Près de 50 facteurs possibles à l’origine de syndromes douloureux rotuliens ont été dénombrés. (3)
Symptômes
Deux principales manifestations cliniques caractérisent le syndrome fémoro-patellaire : l’instabilité et la douleur autour de la rotule. La combinaison des deux est souvent présente mais, dans un certain nombre de cas, la gêne est provoquée par l’instabilité isolée ou par la douleur seule.
Les douleurs se manifestent en position assise prolongée comme en voiture ou au cinéma. On parle d’ailleurs de “signe du cinéma” ou “du canapé” pour le définir. La montée et la descente des escaliers sont inconfortables, avec la sensation d’un genou qui flanche.
D’autres signes peuvent les accompagner :
– des craquements fréquents du genou
– une impression que la rotule se luxe puis se réemboîte aussitôt
– une sensation de crissement à l’intérieur du genou, par frottement entre la roture et le fémur
– une sensation de lourdeur, d’échauffement de l’articulation. (4)
Qui présente ce syndrome ?
Le syndrome fémoro-patellaire est souvent défini comme le syndrome de la jeune fille adolescente.
En réalité, son incidence est plus importante chez les femmes que chez les hommes sans distinction d’âge. En effet, deux femmes sont atteintes pour un homme, quel que soit leur âge.
Il ne faut donc pas limiter le diagnostic de syndrome rotulien chez cette population jeune et y penser même chez un homme adulte.
Il concernerait une proportion élevée des pratiquants de course à pied, 25% d’entre eux estiment certains chercheurs. (5) Les randonneurs représentent aussi une population à risque.
Diagnostic
Le diagnostic se pose à l’interrogatoire. Au niveau de l’examen physique, le médecin va surtout éliminer les diagnostics différentiels : tendinopathie du tendon rotulien, pathologie méniscale, syndrome de l’essuie-glace…
L’imagerie sera utile pour en chercher la cause.
Traitement
Le but des traitements allopathiques, quels qu’ils soient, est avant tout de soulager la douleur du syndrome rotulien : antalgiques, anti-inflammatoires, infiltrations, repos sportif.
La rééducation effectuée par les physiothérapeutes doit être dosée, indolore et progressive. Il est important que les patients puissent continuer leurs exercices à la maison.
Le port d’une genouillère rotulienne (orthèse de genou), d’un taping ou d’un strapping du genou apporte un certain soutien à l’articulation.
La chirurgie demeure rare et est réservée aux cas pour lesquels la douleur invalidante persiste suite à un traitement fonctionnel bien conduit.
Ostéopathie
L’ostéopathie ne se limite pas à l’étude de la zone en souffrance, mais essaie de comprendre quelles structures en sont responsables.
Un déséquilibre au niveau du bassin, une asymétrie de l’appui au sol ou une ancienne blessure telle une entorse de cheville mal soignée sont autant d’origines possibles des symptômes du syndrome rotulien… et cette liste est loin d’être exhaustive.
Par des techniques de mobilisation, l’ostéopathe redonne de la souplesse aux tissus incriminés et équilibre le tonus musculaire afin que la rotule puisse glisser librement sur le fémur, sans friction douloureuse.
Certains troubles posturaux comme le valgus de genoux ou les pieds plats pour ne citer qu’eux ne peuvent être corrigés par l’ostéopathie seule. Un bilan en posturologie est recommandé.
De plus, de nombreux déséquilibres observés lors de nos séances résultent d’une mauvaise pratique sportive. Si rien n’est fait au quotidien pour la corriger, le problème rotulien réapparaîtra.
Conseils
N’arrêtez pas toute activité physique si vous souffrez d’un syndrome fémoro-patellaire. Adaptez-la jusqu’à ce que le problème soit résolu. Le vélo et la natation en crawl sont souvent recommandés. La course peut être aussi pratiquée mais évitez les dénivelés et variez les surfaces.
Échauffez-vous, incorporez des étirements à votre routine d’entraînement et faites vérifier votre matériel.
Le syndrome rotulien n’est pas à prendre à la légère. Si rien n’est fait, il arrive qu’il perdure durant plusieurs mois, voire des années. Une étude indique que 30% des personnes étaient encore aux prises avec une douleur patellaire persistante, 7 ans après l’annonce du diagnostic ! Enfin, sur le long terme, il peut se compliquer d’arthrose du genou.
”La douleur du syndrome rotulien syndrome fémoro-patellaire n’est pas une finalité et une prise en charge coordonnée entre les différents thérapeutes amène souvent des résultats rapides permettant un retour à une activité normale.
Anthony LopezOstéopathe DO à Montréal
(1) https://www.osteopathe-versailles-78.fr/blog/articles/syndrome-rotulien-ou-femoro-patellaire-et-osteopathie
(2) D. Neyens – le syndrome fémoro-patellaire en médecine de ville : technique du patient standardisé – Médecine humaine et pathologie – 2015
(3) L. Leprette – une approche ostéopathique du syndrome fémoro-patellaire – Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec – 2015
(4) http://www.genou.eu/syndrome-rotulien/
(5) https://www.denisfortier.ca/post/2016/05/22/souffrezvous-du-syndrome-fémororotulien-1
Note : Consultez toujours un professionnel et suivez les recommandations de votre médecin, ou professionnels de la santé qui vous accompagnent. Le soin d’ostéopathie ne remplace pas le suivi médical dont vous pouvez bénéficier.